Microplastiques : des concentrations très variables dans les eaux françaises en bouteille, selon une étude

Les eaux vendues en bouteille en France ont une teneur très variable en microplastiques, selon une étude publiée mercredi. Ces composants, aux effets incertains sur la santé, suscitent l'inquiétude en raison de leur omniprésence.
Des teneurs en microplastiques qui varient fortement d'une bouteille à l'autre. Une étude réalisée notamment par des chercheurs du CNRS à Toulouse et publiées par la revue PLOS Water montre que les "concentrations en microplastiques" de dix eaux en bouteille "allaient de (...) 0,001 à 0,250 microgramme par litre"". C'est "une variation considérable", résume cette étude. "Cela laisse penser que la marque choisie (...) joue beaucoup sur le degré auquel on est exposé aux microplastiques en ingérant de l'eau en bouteille", souligne également ce travail.
Les microparticules de plastique suscitent depuis plusieurs années l'inquiétude en raison de leur omniprésence alors que l'on ignore largement leurs effets sur la santé : leur présence dans l'organisme est associée à de multiples pathologies, mais il reste difficile de prouver un rapport de cause à effet.
Les auteurs de l'étude publiée mercredi se sont donc penchés sur dix eaux en bouteille, dont le nom n'est pas donné. Ils ont aussi mesuré la présence de microplastiques d'une eau en robinet de Toulouse, celle-ci s'avérant plutôt élevée. Comme en témoigne cette dernière observation, les plastiques repérés sont en grande majorité différents de ceux contenus dans les bouteilles. Ce sont donc d'autres stades du traitement de l'eau qui semblent principalement en cause.
Des microplastiques très petits et plus dangereux
Les microplastiques repérés dans les eaux - en bouteille et du robinet - sont la plupart du temps très petits, moins de 20 microns de diamètre, d'après l'étude. Or cette catégorie de microplastiques est jugée la plus à risque pour la santé humaine, notamment par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), par la capacité à pénétrer le sang et les différents organes. En raison des vastes incertitudes sur les risques réels des microplastiques, cette étude ne permet pas de conclure que les eaux françaises en bouteille sont dangereuses pour la santé.
Mais elle pose des questions sur la régulation de ces produits, qui se sont récemment trouvés au cœur d'une vaste polémique après des révélations sur des traitements interdits appliqués aux eaux produites par Nestlé.
Des règles inexistantes
Les règles sur les microplastiques sont quasiment inexistantes. La Commission européenne a récemment publié une directive pour faciliter leur mesure, mais elle n'inclut pas les microplastiques de moins de 20 microns, jugés trop difficiles à détecter. L'étude de PLOS Water avait justement pour but de montrer qu'il est possible de mesurer avec précision la teneur en microplastiques si petits. "Non seulement cette étude démontre que le protocole utilisé est applicable, mais elle souligne l'importance d'inclure les petits microplastiques dans l'analyse et la régulation des eaux", concluent les chercheurs.
Les microplastiques omniprésents dans les sols
Fin décembre, une étude de l'Ademe avait révélé une présence quasi-systématique des microplastiques dans des sols à vocation agricole en France. Sur les 33 échantillons prélevés sur des sites aussi divers que des forêts, des prairies, des vignes et vergers ou des zones de grandes cultures répartis sur tout le territoire de la métropole, 25 - soit 76% - contenaient des microplastiques. L'agence de la transition écologique indique dans un communiqué que les données recueillies n'ont pas permis d'identifier la source des microplastiques, mais l'organisme "suppose que, pour les sols dédiés aux activités agricoles, une part de leur origine provient des pratiques agricoles mises en œuvre".
"Source : Étude et analyses réalisées par ICI."